Saint Malo Beach – 14112005
Avoir un chien, ou tout autre animal domestique qui n’est
pas apparenté à l’espèce humaine, vous permet de rentrer en contact avec un
monde de différences. La relation qui s’instaure présente l’avantage immédiat
de ne pas reposer sur de faux semblants : avec nos semblables, on part du
présupposé que l’échange est possible et que les vocables que nous utilisons
ont une intelligibilité universelle. Avec le chien, mais avec un boa ou une
souris, c’est la même chose probablement, on sait pertinemment qu’il n’en est
rien. On ne vit pas avec cette illusion. Elle est ailleurs.
Il semble que le chien pâtisse de la même illusion que
l’homme, mais par son bout de la lorgnette : dans les manuels, et auprès
de tous les « connaisseurs », on explique que le chien vit dans une
meute et qu’il reproduit le fonctionnement social de la meute dans son
environnement humain. C’est stupide, penserez-vous, à l’heure des familles
recomposées, du zéro fessée et de l’internet, on se demande bien où le chien
peut bien retrouver cette identité là ? C’est tout simple, il ne se pose
pas la question : si son environnement est assez bête pour lui laisser la
place du chef, tel que lui, il se l’imagine (je mange le premier, je passe le
premier par la porte, je mène la promenade, etc) alors les personnes qui
l’entourent n’auront plus barre sur lui. Pour l’homme l’illusion fonctionne de
la même façon mais pas avec les mêmes résultats : on le personnifie comme
un élément de la famille, on lui fait des papouilles, en oubliant que ce n’est
pas un homme et que sa place, pour peu que l’on veuille préserver sa paix, est
dans sa niche.
Je ne reviendrais pas aujourd’hui sur l’aspect cheval de
troie. Le chien est en effet un véritable Trojan Horse, ainsi que nous appelons
les virus qui s’introduisent sur votre ordinateur pour se déclencher ensuite et
effectuer des opérations diverses et variées. Le chien, c’est pareil : d’un
seul coup, des tas de gens se mettent à vous parler d’une façon très familière.
J’en reparlerai, car ça n’a pas fini de m’agacer…
2ERJ309 ; c’est le numéro tatoué dans l’oreille droite
de Ary… On ne sait jamais. Si je venais à disparaître et que quelqu’un doive le
recueillir à l’autre bout du monde, au moins, son identification est rendue
possible.